C’est bien parce
qu’il l’a voulu réaliste que ce film de Bertrand Tavernier est remarquable au
niveau des conditions de travail. A l’opposé du genre policier typique des
films noirs américains et loin du maître français du genre qu’est Jean-PierreMelville, L.627 dépeint le quotidien d’un commissariat de police dont les
fonctionnaires essaient tant bien que mal de lutter contre la criminalité, et
plus spécifiquement la consommation et le trafic de drogue répréhensibles au
titre de l’article de loi qui donne son nom à ce long métrage. Si l’on assiste
à des filatures en règle, des interpellations ou des perquisitions, on voit autant les policiers en
butte à des problèmes logistiques telles une pénurie de papier carbone que
pallie une inspectrice qui en emprunte à sa mère, ou une erreur de livraison de
papier à en-tête. Ils doivent aussi faire face à un manque de véhicules, une
carence amplifiée par le comportement de syndicalistes qui, pour se rendre à
une réunion, réquisitionnent la voiture qui leur était certes initialement
affectée, mais qui est utilisée pour une planque. Les officiers de police
judiciaire ne semblent pas résignés, ils cherchent cependant à maintenir l’ordre
et la loi souvent en proximité avec la racaille, sous prétexte d’utiliser les
services de « cousins », les précieux indics élus parmi la faune de
prostituées ou de toxicos.
Les
lourdeurs administratives n’ont d’égal que l’obsession du chiffre qui se
traduit par de pesantes statistiques à fournir à la hiérarchie. Une hiérarchie
pas toujours d’une grande probité, puisque le
commissaire principal, par exemple, enchaîne les prestations d’ouvertures
de porte en compagnie d’huissiers de justice ou les procédures de pose de
scellés sur les cercueils, afin de se faire de l’argent.
C’est donc
une fresque fidèle du contexte professionnel d’un commissariat de police que nous
propose Bertrand Tavernier, une réussite due à la participation de Michel Alexandre, un ancien policier, à l’écriture du scénario, mais aussi à la justesse de l’interprétation
de Didier Bezace dans le rôle de l’ enquêteur de deuxième classe Lucien Marguet
dit « Lulu », passionné par son métier.
Pour aller plus loin :
La critique
de Telerama