Faut-il se réjouir de l'arrêt brutal après seulement 4 épisodes, de la programmation sur M6 de "The apprentice - Qui veut décrocher le job" cette émission de téléréalité ? Ou faut-il s'indigner que Endemol ait eu l'audace de créer une telle émission dans laquelle des candidats rivalisent pour décrocher le précieux Graal : un poste de Directeur Commercial au sein de l'une des entreprises de Bruno Bonnell, le serial entrepreneur français ? Certes, cette parodie de recrutement dans laquelle le fondateur d'Infogrames assure son propre rôle ne dépasse pas la réalité, si l'on se rappelle les recrutements collectifs opérés par le Gan et décortiqués par les caméras de France 2 en 2012 dans le documentaire "La gueule de l'emploi". Mais si Endemol avait refusé d'adapter "Someone's gotta go" en France, une téléréalité dans laquelle des salariés devaient désigner celui d'entre eux qui devait être licencié, elle n'a eu aucun scrupule à produire ce programme. Las, avec seulement 1 million de téléspectateurs soit 4,6 % de parts d'audience pour le 1er épisode et 900 000 (3,7 % de PDA) pour le 2ème, la "petite chaîne qui monte" a décidé d'arrêter les frais et de poursuivre uniquement "en ligne" la diffusion de cette procédure de sélection de ce Directeur Commercial. et qui restera le recrutement le plus cher jamais envisagé pour un apprenti, si l'on traduit littéralement "apprentice" ; un statut peu en cohérence avec le poste visé. Quoiqu'il en soit, les producteurs se sont engagés à ce que l'heureux élu soit embauché chez AWAbot l'une des entreprises de Bruno Bonnell. Et pourquoi ne pas suivre l'intégration de ce nouveau collaborateur et sa période d'essai dans le cadre d'un nouveau projet de téléréalité ... ?
Pour information, dans la version britannique, c'est Alan Sugar le créateur d'Amstrad qui jouait le rôle de patron, tandis qu'aux Etats-Unis c'est le très médiatique candidat aux primaires républicaines pour les présidentielles américaines, Donald Trump qui assurait cette charge.
Au cinéma, au théâtre ou dans la littérature, le métier et le statut des protagonistes ou leur environnement professionnel peut avoir une incidence sur l'intrigue. Et parfois, c'est le monde de l'entreprise lui même qui fait l'objet du scénario. Volontation propose un panorama des conditions de travail dans la littérature, au théâtre, au cinéma, à la télévision ou dans la chanson ...
dimanche 27 septembre 2015
dimanche 13 septembre 2015
Hard discount et gaspillage alimentaire dans "Discount" un film de Louis-Jean Petit (2015)
S’il existait un César de la meilleure actrice de comédie
sociale « à la française », CorinneMasiero devrait sans conteste aucun,
figurer parmi les nominées. Après ses prestations convaincantes dans « Louise Wimmer » et « De rouille et d'Os », évoquées dans ce blog. Dans Discount, un film de Louis-Julien Petit, elle occupe à
nouveau un rôle central et colle encore une fois parfaitement au personnage. Le
point de départ de l’histoire est assez simple : les employés d’un
supermarché de type « hard-discount », sur le point d’être licenciés,
mettent en place une organisation afin
de détourner les produits dont la DLC (date limite de consommation) est
dépassée et promis à la casse. Avant de
les fouler du pied et d’y répandre de l’eau de javel, ils en prélèvent une
partie qu’ils revendront à des prix extrêmement compétitifs, et pour cause, dans
un magasin parallèle créé de toutes pièces dans la grange de la ferme où habite
Christiane (CorinneMasiero). Le
trafic débute timidement, mais devant l’intérêt affiché par les clients et les
résultats financiers supérieurs à leurs attentes, et surtout la pression
exercée par la directrice, interprétée par une excellente Zabou Breitman, la
petite bande augmente les volumes.
Même si Louis-Julien Petit ne glisse à aucun instant avec facilité dans
la fable, on ne demande qu’à adhérer à l’œuvre de ces Robins des bois modernes
qui suscitent un bel engouement mais, la morale est sauve, ils finiront
par se faire prendre sans que leur clientèle ne soit inquiétée.
Quant au réalisme des situations professionnelles, la
plupart des scènes paraissent plausibles. Les employés remplissent les rayons
et compactent les emballages, avant l’arrivée des clients, puis détruisent donc
les produits en voie de péremption tandis que les hôtes ou hôtesses de caisse,
selon le terme dévolu maintenant aux caissiers et caissières, assurent leur
mission. Ils prélèvent parfois des bons de réductions à leur bénéfice, au
risque, comme Christiane de se faire
sanctionner, tout en s’efforçant de
respecter la cadence imposée par la direction.
Quelques aspects peuvent sembler moins crédibles, tel le
comportement de la directrice. Salariée du groupe, elle ambitionne de devenir
responsable de réseau. A cet effet, elle suit un cursus de formation au sein de
l’enseigne. Elle y apprend par exemple que, quand elle conduit un entretien
avec un collaborateur, elle doit toujours se faire assister par une personne
qui notera par écrit les termes des échanges. Elle fait donc appel à sa « garde
rapprochée », ses agents de sécurité, qui de manière tout aussi
surprenante sont aussi chargés de chronométrer le personnel chargé de l’encaissement
afin de maintenir la pression sur la productivité. Très curieusement, les
vigiles semblent ne jamais se préoccuper des clients comme si la démarque
inconnue ne pouvait être que le fait des salariés qu’ils ne manquent pas de
fouiller en fin de journée, contre toute attente.
Sur le plan managérial, la manipulation n’est jamais bien
loin. La directrice propose à Gilles, un de ses collaborateurs, une évolution
professionnelle, alors que certains de ses collègues vont être victimes de
suppressions de postes à l’occasion de la mise en place de caisses
automatiques.
Le plus étonnant invraisemblable est peut-être cette ruée
des clients le premier jour des soldes ; à l’issue du compte à rebours
scandé par la directrice, ils se précipitent dans le commerce pour profiter des
promotions que les employés du point de vente auront minutieusement préparées.
Ils mettront encore plus de soin et de motivation lors de l’installation de
leur propre magasin, dans cette ferme perdue dans la campagne : mise en
place de la caisse et du merchandising, création des rayons, étiquetage, mise
en place de la PLV et de l’ILV, allant jusqu'à proposer des services complémentaires telle la
livraison à domicile.
En résumé, Louis-Julien Petit, donne à voir une description assez fidèle de la
distribution et spécialement du hard discount, sans tomber dans la caricature,
et sans s’appesantir sur l’idée de départ qui est le gâchis induit par la
destruction de produits encore propres à la consommation dans le secteur de la
grande distribution. Un sujet qui a refait récemment surface dans l’actualité,
avec ce texte de loi pour la lutte
contre le gaspillage alimentaire.
Et le César de la
meilleure actrice de comédie sociale « à la française » est attribué
à …
Pour aller plus loin :
Le festival du film francophone d'Angoulême où Discount a obtenu le Valois du public
La bande annonce :
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