"Bancs publics" ce film de de 2009 de Bruno Polydalidès sous-titré « Versailles
rive droite », aurait pu aussi bien s’appeler « Au bureau ou au
magasin » puisqu’il offre une véritable dichotomie entre, d’une part, la
vie dans les bureaux d’une entreprise dont on ne connait pas précisément l’activité
mais que l’on situe dans le tertiaire, et, d’autre part, la vie au sein d’un
magasin de bricolage de proximité, Bricodream, installé dans l’immeuble d’en
face. Ces 2 mondes bien différents vont se rencontrer par l’intermédiaire de l’un
des vendeurs de Bricodream qui accroche à sa fenêtre une banderole sur laquelle
est inscrite la simple mention « Homme seul ». La divergence entre
les 2 univers est peut-être recherchée, et certainement accentuée par le fait
que, si c’est le réalisateur qui s’est chargé du scénario pour la partie « Bureaux »,
c’est son frère Denis également à l’affiche du film, qui a assuré l’écriture
pour la partie se déroulant dans la surface de distribution spécialisée. Ce qui
explique peut-être également que c’est là que réside l’aspect le plus fantasque
de cette comédie.
Les vendeurs tout d’abord, arborent de curieuses blouses
imprimées d’un ciel nuageux et évoluent au milieu de palmiers décoratifs ou
sous des enseignes « kitch ». Du côté de leurs compétences également
avec des comportements stéréotypés induits par leur responsable, apôtre des
nouvelles méthodes managériales ponctuées de phrases toutes faites telles « si
le client se baisse, c’est gagné » ou aux slogans guerriers comme «
Fight, fight, fight ! ». Des conseils peu suivis par les collaborateurs
parmi lesquels on trouve un conseiller de vente hyper-technique (OlivierGourmet) ou son collègue incompétent (Denis Podalydès) bien en peine avec une
machine de démonstration aux dimensions impressionnantes. Toujours dans un
registre professionnel, le marketing et le merchandising laissent à désirer avec
par exemple, une opération de street-marketing et la mise en place d’un étalage
thématique sur l’automne des plus fantaisistes.
Le côté « Bureaux » laisse moins de place à l’excentricité
mais la caricature n’est jamais bien loin. Au service comptable, déjà, où
pendant que l’une des employées joue à Pacman sur son ordinateur, une autre
surfe à la recherche d’un compagnon tandis que la troisième utilise Internet
pour préparer ses prochaines vacances. Elles seront juste perturbées par la
salariée d’un autre service, chargée d’une collecte destinée à financer un cadeau à l’occasion
d’un départ en retraite, un cadeau qui s’avèrera particulièrement ridicule. Ce sera
ensuite le chef qui fera irruption dans le bureau pour solliciter une des
employées afin de faire le point sur un PowerPoint dont elle doit achever les
derniers « slides », sans oublier de lui préciser qu’il faut « qu’on
garde le lead ».
L’univers du bureau est donc assez réaliste sans trop tomber dans
la caricature, même si la machine à café propose du potage au cresson, tandis
que certains salariés privilégient leurs propres préparations concoctées grâce
au nécessaire complet rangé sur l’étagère supérieure de leur armoire
métallique. Un meuble situé derrière leur bureau où trône un téléphone avec
lequel il faut bien sûr, « faire le
0 pour sortir », juste à côté de l’ordinateur orné d’un fonds d’écran très
personnel pour le cadre dont on devine qu’il est amateur de vélo. Et bien entendu,
ces salariés, tels des « prisonniers du boulot », rayent les jours sur le calendrier punaisé au
mur, afin de mesurer le temps inexorable dont seul le 1er mercredi
du mois est scandé par le rituel de l’essai de la sirène d’une caserne que l’on
devine voisine.
La présentation du film sur le site d' Arte : "Bancs publics"