mardi 3 mars 2015

La condition de cheminot dans les années 30 dans le film de Jean Renoir "La Bête Humaine" (1938)

C’est une adaptation très épurée de l’œuvre de Zola que nous proposait Jean Renoir en 1937, et comme l’écrit Marine Landrot dans Telerama (N° 3398 du 25/02/15) « contre toute attente, il élude le naturalisme du roman et se consacre à l’évocation du dilemme amoureux de Lantier ». Le cinéaste transpose également le récit dans un contexte contemporain et c’est donc le monde de la S.N.C.F., à peine constituée par la toute récente nationalisation des chemins de fers de l’Etat qui sert de support à cette « Bêtehumaine ».
Lantier (Jean Gabin) est mécanicien d’une locomotive affectueusement surnommée "la Lison" qui roule sur la ligne Paris-le havre. A l’époque, le mécanicien, responsable de sa machine, est assisté d’un chauffeur qui est chargé d’alimenter le foyer en charbon afin que la pression de la chaudière ne descende pas. Le travail est dur, il s’effectue dans la chaleur, la poussière et la fumée, et requiert une vigilance de tous les instants pour éviter que le train ne déraille en heurtant un animal qui divaguerait sur la voie. C’est ainsi que Lantier et son adjoint Pecqueux (JulienCarette) racontent comment ils ont percuté une vache, heureusement sans dommages, bien que le cuir de cet animal présente un réel danger par sa très grande résistance. Cette conversation intervient avec des collègues cheminots dont l’un d’eux tient dans ses mains une perdrix qu’il est allée ramassée le long de la voie après que leur locomotive l’ait percutée. Un exercice réalisé sans que la machine ne soit arrêtée, ce qui nécessite de courir le long des rails et semble constituer une pratique courante à l’époque mais déconseillée par Pecqueux, le chauffeur, par le danger qu’elle présente.
Entre deux trajets ou bien en cas d’avarie, les cheminots résidents dans des logements situés à proximité de la gare. Dans les chambres, partagées par les équipages, le lit du mécanicien et celui du chauffeur sont indiqués à l’aide  d’une pancarte, respectant ainsi une certaine hiérarchie, tandis que les repas sont pris dans une cuisine commune où chacun mitonnne ses petits plats sur des réchauds prévus à cet effet.
Le statut de ces salariés revêt un caractère particulier, puisqu’il semble qu’ils doivent « payer » leur consommation de charbon (et d'huile ?), ou qu’ils soient pénalisés en cas d’excès, de même que la casse d’une pièce peut leur être financièrement imputée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire