C’est une
adaptation très épurée de l’œuvre de Zola que nous proposait Jean Renoir en
1937, et comme l’écrit Marine Landrot
dans Telerama (N° 3398 du 25/02/15)
« contre toute attente, il élude le naturalisme du roman et se consacre à
l’évocation du dilemme amoureux de Lantier ».
Le cinéaste transpose également le récit dans un contexte contemporain et c’est
donc le monde de la S.N.C.F., à peine
constituée par la toute récente nationalisation des chemins de fers de l’Etat
qui sert de support à cette « Bêtehumaine ».
Lantier (Jean Gabin) est
mécanicien d’une locomotive affectueusement surnommée "la Lison" qui roule sur la
ligne Paris-le havre. A l’époque, le mécanicien, responsable de sa machine, est
assisté d’un chauffeur qui est chargé d’alimenter le foyer en charbon afin que
la pression de la chaudière ne descende pas. Le travail est dur, il s’effectue
dans la chaleur, la poussière et la fumée, et requiert une vigilance de tous
les instants pour éviter que le train ne déraille en heurtant un animal qui
divaguerait sur la voie. C’est ainsi que Lantier
et son adjoint Pecqueux (JulienCarette) racontent comment ils ont percuté une vache, heureusement sans
dommages, bien que le cuir de cet animal présente un réel danger par sa très
grande résistance. Cette conversation intervient avec des collègues cheminots dont
l’un d’eux tient dans ses mains une perdrix qu’il est allée ramassée le long de
la voie après que leur locomotive l’ait percutée. Un exercice réalisé sans que
la machine ne soit arrêtée, ce qui nécessite de courir le long des rails et
semble constituer une pratique courante à l’époque mais déconseillée par Pecqueux, le chauffeur, par le danger
qu’elle présente.
Entre deux
trajets ou bien en cas d’avarie, les cheminots résidents dans des logements
situés à proximité de la gare. Dans les chambres, partagées par les équipages,
le lit du mécanicien et celui du chauffeur sont indiqués à l’aide d’une pancarte, respectant ainsi une certaine
hiérarchie, tandis que les repas sont pris dans une cuisine commune où chacun
mitonnne ses petits plats sur des réchauds prévus à cet effet.
Le statut de
ces salariés revêt un caractère particulier, puisqu’il semble qu’ils doivent « payer »
leur consommation de charbon (et d'huile ?), ou qu’ils soient pénalisés en cas d’excès, de
même que la casse d’une pièce peut leur être financièrement imputée.
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