lundi 18 février 2013

Le travail dans les arrières cuisines d’un palace parisien après la guerre : Les caves du Majestic, film de Richard Pottier (1945)


D’un point de vue purement cinématographique, il n’est pas certain que cette version de l’un des romans policiers de Georges Simenon passe à la postérité, elle offre cependant un portrait original  du commissaire Maigret. Le célèbre policier, interprété cette fois par Albert Préjean, est tout autre que l’enquêteur posé et réfléchi qu’il est donné de voir habituellement : ici, il n’hésite pas à séduire, à se faire passer pour un truand, à faire le coup de poing, et même à mettre sur pied un jugement de Salomon, autour d’un dîner où il rassemble le père putatif d’un enfant et son père naturel.
Sur les conditions de travail dans les bas-fonds des palaces parisiens, un métier spécifique est identifié, celui de « cafetier », dont la tâche consiste à préparer les boissons chaudes à toute heure de la journée. Il commence très tôt, dès 6 heures du matin, afin de préparer les petits déjeuners, et doit pointer, comme à l’usine. Le retard d’une dizaine de minutes de Donge, l’un de ces cafetiers, sera d’ailleurs l’un des éléments déterminants dans l’enchaînement des faits, le matin du crime.

Pendant la journée, c’est par un système pneumatique que les commandes sont adressées à Ramuel,  le contrôleur du Majestic, une espèce de surveillant général cloitré derrière un bureau vitré d’où il peut tout observer. Il les transmet lui-même au personnel des cuisines ou à Donge, qui tient ses cafetières et chocolatières au chaud, dans le four d’une cuisinière. La journée se termine tardivement, car bien que l’on soit loin des conditions de travail d’avant-guerre décrites par Georges Orwell dans « Dans la dèche à Paris et à Londres » dont nous parlerons prochainement, la semaine de 35 heures n'est pas à l'ordre du jour.
Dans "Les caves du Majestic", ce film de Richard POTTIER, et parmi les autres métiers spécifiques de ces grands hôtels de l'époque, largement occupés par des résidents permanents, il faut aussi noter celui de danseur. Parfois appelé "taxi boy", dont le rôle était de distraire les femmes laissées seules par leurs maris éloignés de la capitale par un voyage d'affaires, ou partis rejoindre leurs maîtresses à deux pas d'ici. 
Le roman de Georges Simenon devrait nous apprendre plus sur les conditions de travail de l'époque dans le secteur de l'Hôtellerie-restauration.


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