samedi 9 mars 2024

Les métiers de la restauration et des traiteurs dans le film "Le sens de la fête" de Olivier Nakache et Eric Toledano

Si les français disposent du sens de la fête comme l'évoque un indien au milieu de cette comédie humaine, il faut  reconnaître à Éric TOLEDANO et Olivier NAKACHE la capacité de caricaturer les individus et leurs fonctions. C'est à nouveau dans ce film, Le sens de la fête. Souvent drôles et sans jamais tomber dans la caricature, ils arrivent à portraitiser cette galerie de métiers de la restauration dans le cadre d'une activité de traiteur. 

Le patron, c'est Jean-Pierre BACRI, excellent comme toujours, qui doit orchestrer une prestation au pour le compte d'un couple le jour de leur mariage. C'est l'occasion d'observer les différents métiers de cette profession, essentiellement du côté du service, parfois de l'animation et rarement de la cuisine. D'autant plus que les facéties d'un extra embauché au dernier moment, incapable et stupide, ruine une partie du repas.

Dans ce film, la vision des métiers et compétences de ce secteur d'activité n'est pas très large et profonde, il en donne cependant un bon aperçu au titre des enjeux et contraintes, essentiellement liées à la gestion du personnel. Les difficultés de recrutement, par exemple, ou l'aspect social avec des extras pas toujours déclarés, et des exigences en matière de relation avec les clients. Les normes d'hygiène et de sécurité alimentaires sont également perceptibles, à l'occasion donc de l'une des turpitudes du nouvel embauché.

En résumé, un film divertissant avec une découverte de ce secteur confronté à des difficultés de recrutement.

La bande annonce du film :

lundi 13 juillet 2020

Les injonctions paradoxales dans le monde de l'assurance-vie au cinéma : "Maman a tort" (Marc Fitoussi - 2016)


La période d’application en entreprise a pu quelquefois servir de cadre à des fictions françaises ou étrangères. Dans le film « Maman a tort » de Marc Fitoussi, c'est le stage de découverte imposé aux élèves de classe de 3ème qui est le prétexte d'une immersion entreprise.
Comme la plupart des élèves de son âge, Anouk (Jeanne Jestinqui vit seule avec sa mère, a du mal à trouver une entreprise pour ce stage de 3ème. L'unique solution pour elle est d'accepter de passer cette semaine chez un caviste comme lui propose son père. Sa mère préfère finalement qu'elle intègre la compagnie d'assurance-vie où elle travaille. A cette occasion, la jeune fille découvrira sa mère sous un autre jour, se montrant inhumaine, notamment avec les clients. Sa fille comprendra qu'elle ne cède finalement qu'à la pression de sa hiérarchie.

Sur le fonctionnement d'une entreprise vu de l'intérieur, "Maman a tort" est assez réaliste, même si l'on voit les salariés essentiellement pendant les pauses, en train de fumer à l'extérieur sous des champignons chauffants, ou à l'heure du déjeuner. L'accueil et la sécurité ne sont pas des plus rigoureux ; faute de document d'identité, on peut tout de même rentrer dans les locaux. Si la pression latente touche essentiellement Cyrielle (Emilie Dequenne), la mère d'Anouk , on rencontre aussi une salariée à l'infirmerie qui dépressive se dit harcelée. Les relations entre collègues sont parfois tendues comme dans la vraie vie. Ainsi, alors qu'elle se sert au self, Cyrielle, la mère d'Anouk se fait agresser verbalement par une collègue qui lui reproche de l'avoir infantilisée lors d'une réunion. L'adolescente pensera venger sa mère en renversant un verre d'eau sur le bureau de la plaignante, puis s'apercevra que ce n'était pas son poste de travail. Une attitude pour le moins étonnante pour une aussi jeune personne.

Les métier de l'entreprise et son activité, l'assurance vie, sont peu visibles. Cyrielle tente d'expliquer ce qu'est "l'assurance emprunteur" à sa fille, qui comprendra un peu mieux à l'occasion d'une rencontre avec une cliente dont sa mère a refusé le dossier, et qui se trouve en conséquence en grande difficulté. Afin de comprendre l'attitude qu'elle juge inhumaine de sa mère, Anouk ira jusqu'à la rencontrer à l'extérieur de l'entreprise, ce qui semble peu plausible eu égard à l'âge théorique de l'adolescente, mais qui permet certainement d'alimenter le scénario.
Le comportement de certains salariés peut étonner. C'est le cas de la tutrice d'Anouk et de sa collègue dont on se demande ce qu'elles font de leurs journées, qui se montrent stupides et infantilisantes. Tout autant que le tuteur d'un autre élève, chargé de la distribution du courrier.

S'il n'est pas exempt d'intérêt, rien que pour la relation entre la fille et sa mère, ce film n'apporte rien  à la compréhension des mécanismes qui génèrent de la souffrance au travail. Il laisse en effet penser, que c'est uniquement la pression de la hiérarchie, obnubilée par les résultats qui en est la cause. Ce que la mère expliquera maladroitement à sa fille en excusant le comportement d'un supérieur : "Il est un peu au dessus de moi, il a tous les droits". Le plus crédible reste peut-être l'injonction paradoxale à laquelle est soumise Cyrielle, qui doit "maquiller" des dossiers pour éviter trop de remboursements aux assurés. Résignée, elle expliquera à sa fille qu'elle n'a pas le choix, que si elle n'a jamais démissionné c'estqu'elle n'a pas de diplôme et qu'elle a fait toute sa carrière chez Serenita.

La bande annonce de "Maman a tort"


samedi 18 avril 2020

Des usines aux bureaux d'embauche dans la chanson "L'usine" de Marka (1997)

De son vrai nom Serge Van Laeken, Marka est un artiste belge qui est connu pour ses titres qu'il interprète seul, avec des groupes de rencontre ou en duo avec l'humoriste Laurence Bibot avec qui il a eu deux enfants très connus dans le monde de la chanson, le rappeur Roméo Elvis et de la chanteuse Angèle. Très connu en Belgique, il a fait Chevalier de l'Ordre de Léopold II, et plus récemment, son titre "It’s only football" a été utilisé comme hymne de l'équipe nationale "Les Diables Rouges" pour la Coupe du Monde de football de 2018 en Russie.

En 1997, il nous livrait cette chanson,  "L'usine" qui parle d'un "Don Juan" des usines, dont on ne sait si lui même travaille dans l'industrie, et qui, en raison de la désindustrialisation, doit se replier sur les bureaux d'embauche où pointent les ouvrières qui ont perdu leur emploi. Les références au monde du travail en général et au contexte industriel en particulier sont à la hauteur de cet opus sans prétention mais entraînant. Elles se limitent à quelques mots, " bleu de travail, ouvrières, 1er mai, défilaient, classe ouvrière ..." et ce que veut juste le dragueur des usines c'est rendre "toutes heureuses" ces ouvrières" devenues "jolies chômeuses" .

Les paroles de "L'usine"
Au temps des usines
A l'époque des machines
Il y avait des ouvrières
Des très jolies prolétaires
Au temps de l'industrie
Je me souviens bien des filles
En bleu de travail
Bien serré à la taille
Je suis le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il n'y a plus d'usine
Y a plus d'ouvrières
À l époque industrielle
J'aimais bien les manuelles
Qui terminent en sueur
Leur journée de labeur
C'était le bon temps
Ou on engageait des gens
Et les filles que j'aime
Sortaient de l'usine à la chaîne
Je suis le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il  n'y a plus d'usine
Y a plus d'ouvrières
Plus une seule sur terre
Tous les jours elle travaillaient
Mis à part le 1er mai
Où elles défilaient très fières
Avec leur classes ouvrière
Les temps changent
La vie est étrange
Aujourd'hui je débauche
Au bureau d'embauche
Depuis qu'il n'y a plus d'usines
Je débauche les jolies chômeuses
Ces filles sont mon but ultime
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Le dragueur des usines
Le don Juan des ouvrières
Mais il n'y a plus d usine
Y a plus d'ouvrières
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Les rendre heureuses
Je veux toutes les rendre heureuses
Toutes
Toutes
Toutes
Toutes
Toutes

dimanche 16 février 2020

La condition du personnel de maison au Chili dans le film "La Nana" (2009)

Ce film de 2009 du réalisateur Sebastián Silva nous plonge dans l'univers cossu de la bourgeoisie chilienne contemporaine, à travers le prisme de la vie d'une domestique. Il s'agit ici de Raquel, d'une méchanceté magistralement interprétée par Catalina Saavedra, qui est employée par une famille aisée, composée du père dont on ignore la profession et qui passe le plus clair de son temps au golf, de la mère, enseignante à l'université, d'un jeune fille, étudiante, d'un adolescent et de jeunes bambins. La bonne finira par s'ouvrir, suite à un problème de santé, à la faveur de l'arrivée d'une collègue chargée de l'assister et qui lui comblera partiellement le manque d'affection dont elle souffre finalement.

Ce film, "La Nana" est construit autour de la relation particulière, parfois intime voire ambigue qui se tisse entre la famille et cette employée, et sur son dévouement sans limite pour ses employeurs, au détriment de sa vie personnelle.

Sur les compétences propres à l'exercice du métier de domestique, ce long-métrage nous donne un aperçu des différentes tâches inhérentes à cette profession, sans moult détails, ce sont davantage les compétences comportementales qui sont mises en relief, en raison de la proximité de la bonne avec chacun des membres e la famille.

C'est plutôt sur l'emploi en général au Chili que le film nous livre des enseignements puisqu'on peut constater que de jeunes femmes viennent du fond de la province ou même du Pérou pour occuper ces postes de domestiques attachés au service de riches familles, quasiment disponibles 24 heures sur 24 et ne bénéficiant que d'un jour de congé par semaine.

Ce film a été primé, entre autres, au Festival du film de Sundance en 2009.

La bande annonce du film :



vendredi 24 mai 2019

L'avenir d'un jeune britannique dans les aciéries dans une chanson de 1979 : "Making Plans for Nigel" de XTC


Interprétée par le groupe britannique XTC, ce hit de 1979 nous renvoie curieusement à la triste actualité économique. Ecrite par le bassiste du groupe, Colin Moulding, elle exprime le point de vue d'un couple de parents dont le fils, Nigel, travaille dans une aciérie. Pour leur fils chéri, "ils tirent des plans sur la comète", en estimant que, "il a juste besoin d'une main secourable" et que "s'il dit qu'il est heureux, il doit être heureux, heureux dans son travail". Et pourquoi donc ? Parce que "son avenir se dessine au sein d'une aciérie", et que "sa voie est toute tracée et son futur est aussi bon  que scellé.
Une prophétie peut-être teintée d'ironie au moment où la Grande Bretagne se préparait à affronter la pire crise industrielle de son histoire sur fond de "thatchérisme".
Si l'on reparle des aciéries britanniques en 2019, c'est parce que British Steel, sur le point de reprendre l'aciériste français Acoval en grande difficulté, serait elle même sur le point de déposer le bilan. Le secteur est loin d'être redressé en Europe alors qu'il est florissant en Chine grâce à des coûts de main d'oeuvre moindres . En attendant, "We're only making plans for Nigel ..."

La vidéo sur Youtube :


Le texte sur Google :

We're only making plans for Nigel
We only want what's best for him
We're only making plans for Nigel
Nigel just needs this helping hand
And if young Nigel says he's happy
He must be happy
He must be happy in his work
We're only making plans for Nigel
He has his future in a British steel
We're only making plans for Nigel
Nigel's whole future is as good as sealed
And if young Nigel says he's happy
He must be happy
He must be happy in his work
Nigel is not outspoken
But he likes to speak
And loves to be spoken to
Nigel is happy in his work
We're only making plans for Nigel

Texte : Colin Moulding
Making Plans for Nigel © Sony/ATV Music Publishing LLC, Warner/Chappell Music, Inc, BMG Rights Management US, LLC

dimanche 11 mars 2018

Une soirée thématique sur le harcèlement illustrée par le téléfilm "Harcelée" sur France 2

Si l'idée de France Télévisions associée pour l'occasion à France Inter de consacrer, le 10 octobre dernier, une soirée au douloureux sujet du harcèlement au travail était légitime, le choix de ce téléfilm pour illustrer le thème est plus contestable.
En effet, si la qualité des acteurs concède de se laisser entraîner dans l'histoire, le phénomène de maltraitance qui nous est ici narré procède bien plus de l'attitude d'un dangereux psychopathe que de l'enchaînement pernicieux qui s'instaure malheureusement trop souvent en entreprise entre une victime et un tortionnaire d'une banale "normalité", que ses exactions soient à caractère sexuel ou non.

# 01 Un contexte professionnel étrange
Certes, nous y retrouvons certains des mécanismes insidieux qui accompagnent la lente descente aux enfers de la "proie", mais, sans mettre totalement en cause le réalisme du scénario, certains facteurs l'alourdissent sans rien apporter au réalisme des situations, bien au contraire. 
C'est par exemple le contexte puisque, si le fait que Karine (Armelle Deutsch) souhaite reprendre le travail après 3 ans de congé parental, est plausible, la suite des événements réside en un empilement de faits qui n'apporte rien à l'intrigue, bien au contraire.
Si les collègues de  Karine se montrent peu accueillants envers elle, on peut penser qu'ils se méfient de cette "protégée" de leur tyran de patron. Soit. Plus surprenant, ils se révèlent particulièrement cyniques entre eux. A l'occasion d'un départ en retraite, par exemple, où le récipiendaire qui déteste le fromage se voit offrir ... un service à fromage.
Le attitudes de Karine, ensuite, sont le pour moins curieuses ; elle adopte des positions pour le moins peu académiques et ne rechigne pas à se déchausser sous le regard de son nouveau boss, ce qui n'a certes rien de provocant et aurait constitué une facilité dans le cadre d'une affaire de harcèlement. 



# 02 Une intrigue pesante
C'est alors que le processus de maltraitance psychologique s'engage. A l'occasion du départ en retraite de ce collègue, Antoine (Thibaut de Montalembert), le despote, rejoint Karine dans les toilettes, et "s'attaque" à la jeune femme, qui curieusement, ne semble pas résister ; une faiblesse que l'on peut mettre sur le compte de l'alcool qu'a consommé Karine. Elle réussit à s'esquiver. Les jours suivants, et contre attente, son manager lui confie une importante mission sous la forme d'une étude à réaliser, ce qui pourrait l'incliner logiquement à baisser la garde, bien que, dans le même temps, à la demande d'Antoine, elle s'avilisse en lui apportant un café devant une partie de ses collègues.  Elle est ensuite conviée à un déjeuner d'affaires. Cependant, une fois arrivée au  restaurant, elle constate qu'aucun client n'est présent et que c'est un tête à tête avec son "prédateur" qui l'attend. Après quelques allusions, celui-ci joue l'apaisement et s'excuse pour son comportement de "l'autre soir". Elle lui exprime son pardon tout en lui touchant la main, ce qui le fait entrer dans une crise de rage : il devient agressif, la traite d'allumeuse. Il lui retira finalement le dossier qu'il lui avait délégué, elle deviendra stressée puis hystérique, puis elle se verra offrir un C.D.I. pour lequel elle hésitera car son mari est lui même sur le point d'être licencié.


#03 Des personnages marqués à l'excès
De tous les personnages de cette fiction télévisée, le plus crédible est  certainement Karine : naturelle à la limite de la naïveté, humaine, et motivée dans son nouveau job. Face au harcèlement dont elle est victime, elle adoptera une attitude caractéristique de ce genre de situation, mêlée d'incompréhension, de peur et même de culpabilité. Une conséquence plutôt classique de ce cas de figure et qui sera en l’occurrence un des rares points pragmatique de ce téléfilm. Ce sont plutôt les seconds rôles qui appesantissent "Harcelée" sans rien apporter à son réalisme. En effet, pourquoi avoir "inventé" à Karine une fille anorexique, dont le père refuse d'intégrer la maladie, et pourquoi instaurer, par l'intermédiaire de cette adolescente, une relation entre les deux familles ? Il semble difficile de concevoir que le harceleur fasse son oeuvre tout en ayant une proximité avec le mari et la fille de Karine. Il semble curieux que, par exemple, les deux principaux protagonistes se vouvoient alors qu'ils se fréquentent en en dehors du travail, avec leurs familles respectives. Et enfin, le manichéisme d'Antoine, qui instrumentalise la fille de Karine en lui offrant un bijou, procède davantage du jeu d'un dangereux psychopathe que du lent processus inconscient d'un individu normal tel qu'on en rencontre quotidiennement en entreprise.

Voir l'article de Télérama du 04/10/2017

dimanche 10 septembre 2017

Une conseillère "emploi-formation" à l'A.F.P.A. dans le film "On a failli être amies" de Anne LE NY (2014)

Très à l’aise dans des rôles réalistes, qui mieux que Karin VIARD pouvait interpréter Marithé cette conseillère emploi de l’A.F.P.A. qui coache Carole qui elle, prend les traits d’Emmanuelle DEVOS dans ce film de 2014 d’Anne LE NY « On a failli être amies.

L’intrigue
Marithé, employée au sein de la principale association de formation continue nationale, accompagne un groupe de femmes qui ont été licenciées, lorsque fortuitement, Carole, épouse d’un restaurateur local réputé, débarque dans l’agence. Celle-ci travaille avec son époux mais, bien qu’elle s’en acquitte fort bien, elle a beaucoup de mal à l’assumer, développant même une crise d’exéma à chaque fois qu’elle assure sa fonction en salle. Elle cherche à s’évader au travers d’une relation adultère avec un expert-comptable, ce qui ne parait pas la satisfaire outre mesure. Marithé, divorcée, est elle aussi loin d’être comblée sur le plan affectif, et à la faveur de l’accompagnement qu’elle accepte de lui dispenser dans le cadre d’un bilan de compétences, elle rencontre Sam (Roschdy Zem), le mari de Carole, qu’elle commence par admirer pour l’assurance qu’il dégage, puis dont elle s’éprend. Elle manœuvre alors pour favoriser les projets de création d’entreprise de Carole, un Centre d’équitation en association avec son amant, dans le dessein d’écarter le seul obstacle qui se dresse sur le chemin qu’elle entreprend vers Sam. Ses plans ne se passeront pas comme prévu, elle se mettra même en péril à titre professionnel.

Le registre professionnel
Tout comme dans Ma part de gâteauKarin VIARD est « dans le rôle », totalement crédible : Marithé, conseillère emploi,  coache ses ouailles avec entrain et dynamisme, les incitant à un certain positivisme sans jamais tomber dans la caricature. Elle anime avec détermination des réunions d’aide à la recherche d’emploi , conduit des simulations d’entretiens de recrutement ou déroule consciencieusement  les tests de personnalités, sans s’offusquer des résultats saugrenus délivrés par l’ordinateur. C’est ainsi que Carole se voit orientée vers le métier de « fauconnier » certainement également pour les besoins du scénario. Ne lâchant rien, elle vit son sacerdoce à fond, sans états d’âmes, son existence étant  centrée  sur le devenir de ses protégées, elle va jusqu’à les  accompagner sur le terrain pour les aider à trouver un stage, ou intercède auprès d’une relation à la C.C.I. locale pour que Carole intègre une formation d’aide à la création d’entreprise.
Quand ses plans échouent, elle sombre alors dans un burn-out, c’est du moins ce que diagnostique son supérieur qui applique mécaniquement la procédure prévue dans ce cas : un accompagnement psychologique suivi d’une réorientation professionnelle. Marithé réagira curieusement, presque satisfaite d’être touchée par une pathologie somme toute « classique » en entreprise, comme si elle était finalement normale.

Toujours dans le contexte professionnel, ce film montre également quelques scènes courantes du monde du travail telles que des situations relationnelles ou managériales ou un départ à la retraite, l’occasion d’offrir des cadeaux mais aussi de danser ce qui semble peu usuel.  Il est aussi l’occasion d’explorer furtivement les arrières cuisines d’un restaurant gastronomique, pour quelques scènes de préparation ou de dressage d’assiette, ainsi que le service en salle sans que l’on y apprenne beaucoup sur cette branche professionnelle.

Les accidents du travail dans le bâtiment au Brésil dans une chanson de Chico Buarque : "Construção" (1971)


C'est en écoutant l'émission "La Bande Originale" sur France Inter le 07 septembre dernier que nous avons découvert cette chanson de 1971, écrite et interprétée par Chico Buarque, dont on connait surtout l'incomparable "Essa Moça Tá Diferente". Rendons-lui cet honneur, c'est à Mathieu Almaric, que nous devons d'avons fait connaissance avec ce titre du célèbre chanteur brésilien. Il a en effet choisi d'intégrer ce titre dans la Play-List que chaque invité de Nagui et de son équipe propose d'écouter, soulignant principalement la construction de la chanson basée sur la répétition d'une même histoire, mais dont le récit varie seulement de quelques mots dans chacun des couplets. La page Wikipedia en langue anglaise de cette même chanson en donne une analyse différente, puisque selon cette source, il s'agirait en fait de trois 3 histoires différentes.
Chico Buarque

Peu importe, c'est bien évidemment le contenu qui nous intéresse, puisque l'histoire narre la fin tragique d'un ouvrier du bâtiment qui se rend sur le chantier puis grimpe "la construction comme s'il était une machine", dresse "à l'étage quatre murs solides, brique après brique". Après avoir déjeuné de haricots "avec du riz comme s'il était un prince", il boit, danse et rit et malheureusement, tombe de l'échaffaudage et s'écrase mortellement en contrebas, "perturbant le trafic".

Si "Construção" n'est peut-être pas, comme l'indique la page Wikipedia qui lui est consacrée "un témoignage douloureux des relations humiliantes entre le capital et le travail", elle nous donne de précieux indices sur la condition d'un ouvrier du bâtiment au début des années 70 dans ce Brésil alors sous le joug  d'une dictature militaire. C'est ce que résume parfaitement le dernier couplet qui nous révèle que le manque de sécurité ("Pour les échafaudages suspendus qui nous font tomber) et l'environnement malsain ("Pour la fumée et la misère qui nous font tousser") sont supportables grâce à une consommation excessive d'alcool, quasi obligatoire ("Pour la cachaça gratuite que l'on doit avaler") qui fera tituber le malheureux et le précipitera à sa fin.

Ce titre semble peu connu, il a pourtant été élu, toujours selon la page Wikipedia (en langue portugaise) "deuxième meilleure chanson brésilienne de tous les temps" à l'issue d'un vote organisé par le journal Folha de S. Paulo et rien de moins que « la plus grande chanson brésilienne de tous les temps » par le magazine Rolling Stone.

Pour aller plus loin :

dimanche 14 mai 2017

La descente aux enfers d'une petite couturière dans "L'entrecôte" une chanson des Frères Jacques (1946)

C’est un vilain parfum de misère qu’exhale cette Entrecôte, écrite par Les frères Jacques en 1946. Ce titre qui sera intégré dans un spectacle écrit entre autres par Yves Robert, sera pour le fameux quatuor l’occasion de revêtir pour la première fois leur costume avec collant qui sera l’une de leurs marques de fabrique. Parodie des mélodrames du début du siècle, cette chanson raconte les affres vécues par une jeune fille qui, à la suite du décès de son père fauché par la coqueluche, doit travailler pour nourrir sa fratrie, composée de 5 individus, sans que l’on sache si elle se compte parmi "ces dix petits pieds qui réclament des chaussures ».
Elle travaillera donc comme couturière, réalisant des robes « pour les gens de la haute », effectuant même des heures supplémentaires pour pouvoir régaler ses frères et sœurs d'une entrecôte. Mais une mauvaise rencontre la précipitera vers un travail nettement moins noble, et "de son corps elle en fit un outil".


La vidéo de la chanson des Frères Jacques :

Pour retrouver l'ensemble des articles sur les conditions de travail dans la chanson : sur ce blog

lundi 1 mai 2017

Le coaching managérial dans "Le coach", un film de Olivier Doran (2008)

"Le coach", film de 2008 de Olivier Doran respecte les codes de la comédie à la française qui n'a pas vraiment évolué depuis "La grande vadrouille" : deux individus qui n'auraient jamais dû se rencontrer, aux profils diamétralement opposés, finissent par trouver un intérêt commun et collaborent pour se sortir d'une situation qui s'annonçait pour chacun d'eux, très compliquée. Le premier des deux en l'occurrence, c'est un coach professionnel, addict au jeu, qui fuit un créancier à qui il doit une forte somme d'argent. Le second, cadre dans une entreprise, doit son poste et ses responsabilités à un quiproquo : il a été embauché parce qu'il porte le même nom que le neveu du Président du groupe, ce qu'il n'a jamais démenti afin de profiter de la situation.
Face à l'enjeu que représente la signature d'un important contrat avec un client chinois, Monsieur Hu, et en raison des insuffisances de Patrick Marmignon, la direction d'ILB sollicite Maxime Chêne pour coacher ce manager qui présente une trop grande empathie avec son équipe et un manque criant d'autorité.
Au cours des péripéties accompagnant l'hypothétique signature du contrat au cours de revirements qui ne sont pas sans rappeler les sautes d'humeur de Monsieur De Mesmaeker dans Gaston Lagaffe, la bande dessinée de Franquin, le consultant distillera au cadre supérieur de précieux conseils basés entre autres sur la P.N.L. (Programmation Neuro Linguistique) pour l'aider à s'affirmer. Le résultat sera probant, le client acceptera finalement de confier le projet à I.L.B., soit la réalisation en France d'un bâtiment commercial de grande ampleur.
Si, dans cette comédie, les techniques utilisées par le coach restent plausibles, la crédibilité du contexte professionnel est dû, avant tout aux talents des 2 principaux comédiens, Jean-Paul Rouve en "coaché" et Richard Berry, qui évitent de faire tomber le film dans la caricature bien que parfois, le côté comique ne parvienne pas à gommer totalement l'invraisemblance de certaines situations. Le dénouement final, par exemple, manque totalement de réalisme, ce qui n'est pas il est vrai la principale caractéristique dans ce genre cinématographique.
Quelques fonctions auraient mérité un peu plus de profondeur, telle celle du collègue jaloux et envieux qui met des bâtons dans les roues des héros de cette fiction, et c'est surtout celle de la D.R.H. qui est ici réduite au rôle de faire valoir au service de l'intrigue, et dont la principale qualité réside dans un physique avantageux. Si sur le plan de l'entreprise, les apports sont limités, "Le coach" reste un film divertissant.
La bande annonce du film :